Le temps passant, l'attrait des consoles se fit à nouveau sentir. Fan de Nintendo depuis que j’avais 9 ans, j’eus du mal à rester impassible devant l’Ultra64 bientôt renommée Nintendo64. Sa belle robe sombre, ses lignes courbes, sa petite grille d’aération m’excitaient. Surtout, ses 4 trous frontaux allaient devenir le nouvel El Dorado du multijoueur et étaient la promesse évidente d’orgies ludiques grâce à des parties endiablées à plusieurs. L’attente de la Nintendo64 fut une douloureuse épreuve pour le jeune bachelier que j’étais. Suite à « l’affaire Play Station » entre Nintendo et Sony, ce dernier avait dégainé sa 32 bits à CD-ROM en 1994 au Japon et 1995 en France grâce à Ken Kutaragi et ses appuis chez Sony Music. Comme j’en parle plus bas, j’avais pu l’essayer mais ne serai pas entièrement convaincu par cette console à CD-ROM avant quelques années. Par contre, je ne résistai évidemment pas à l’appel de la 64 bits de la firme de Kyôto. Cela faisait déjà 2 ans, depuis le CES de 1995 que Nintendo incitait les joueurs à patienter. Malgré la présence de cartouches, médium dépassé en ce milieu de décennie 90, je me rangeais aux arguments de Nintendo sur la rapidité des chargements et dévorais les articles des magazines présentant le filtrage bilinéaire ou le MIP mapping. Je me souviens encore du dossier dans Consoles+ (que j’achetais pourtant rarement) avec les photos de Super Mario 64 et de l’arbre montré à différentes distances et les textures qui variaient pour illustrer cette dernière technique. Et quand elle fut enfin annoncée en Europe, voilà que Nintendo France prétend, si je me souviens bien, que la conversion au format SECAM des consoles françaises retarderait son arrivée jusqu’en septembre ! Dans une France de 1997 où 90% des télévisions étaient compatibles PAL, c’en était trop. La libre circulation des biens dans l’UE aidant, tous les magasins importaient les Nintendo 64 depuis l’Angleterre ou l’Allemagne sans vergogne. J’ai ainsi pu acheter une console allemande le 1er mars 1997, comme tous les autres petits européens.
Mon expérience avec la Nintendo64 est probablement celle qui est le plus remplie de sessions de jeux entre amis car le jeu online n’est pas développé à cause du coût de la connexion internet, notamment. À cette époque, nous sommes en RTC avec des modems 56kbps au mieux. Ce petit débit n’est pas un problème (Quake 3 fonctionnait très bien avec) face au coût de la connexion internet. Nous étions à l’heure des abonnements mensuels avec 10 à 30 heures de connexion puis un prix à la minute prohibitif. De plus, les parties à 4 joueurs étaient pour nous une véritable révolution. Combien de fois avec un ami nous avions rêvé de courses à 4 lors de nos parties de Super Mario Kart sur SNES ! Mais je mets la charrue avant les bœufs puisque sa suite est sortie 4 mois après la console. Le jeu qui a bien sûr occupé ce temps-là était bien évidemment Super Mario 64. Nintendo signe là une référence du jeu de plates-formes 3D. Il n’est pas le premier jeu de ce genre puisqu’on peut lire que c’est Alpha Waves, un jeu Amiga et Atari de 1990 qui l’est et on peut aussi penser à Jumpin Flash sur Playstation. Mais Miyamoto et son équipe condensent tout ce qu’il y a de mieux dans le genre pour le transcender dans Super Mario 64. Ils vont même jusqu’à designer la manette de la N64 pour mieux coller au gameplay de leur jeu. Et ça marche… du moins pour les jeux d’action ou d’aventure en 3D comme les Mario ou Zelda. Ce Mario 64 représente tout simplement l’un des meilleurs passages d’une saga de jeu vidéo de la 2D à la 3D. Sur cette machine, il y a évidemment d’autres excellents jeux solo comme Banjo Kazooie, Majora’s Mask, Star Fox 64 ou Pilotwings 64 mais j’aimerais me concentrer sur le multi-joueur.
Il y avait un réel concours de circonstances : l’absence de jeu online, la nouveauté du jeu local à 4 joueurs ou, plus personnellement, l’âge des membres de la bande de potes que nous formions et qui était toujours encline à participer à des parties multi-joueurs ou des LAN sur PC. Tout ceci fait que nous étions la cible privilégiée des jeux jouables à plusieurs. La Nintendo 64 était donc la première console à avoir 4 ports manettes mais ce sont surtout les jeux qui ont fait la différence. Je n’ose même pas imaginer le nombre d’heures englouties à jouer à Goldeneye 007, ISS 64, Mario Kart 64 ou F-Zero X qui étaient pour nous les titres principaux de nos activités ludiques. Nous avions même trouvé un moyen simple pour jouer à 5 à Mario Kart 64 : 4 joueurs faisaient une course et le dernier laissait sa place au 5e. Cela fonctionne bien à 6 joueurs aussi mais pas au-delà. Cela ajoutait même de la tension et de l’enjeu à la course, c’était presque mieux dans ces conditions. Avec cette même bande de copains, nous étions partis en vacances chez ma tante en voiture pour un voyage de 900km. Nous étions 4 avec nos bagages dans une Citroën BX mais nous avions ÉVIDEMMENT trouvé de la place pour la N64, 4 manettes, les jeux susmentionnés et une télévision 36cm. Ma tante avait un terrain assez long et nous logions dans la petite maison du bout, située à 55m de la résidence principale (merci Google Maps). Nous avions fermé les fenêtres pour jouer à ISS64 mais vers 2 heures du matin, coup de téléphone : c’était ma tante qui nous appelait pour nous enguirlander car on faisait trop de bruit ! Je me souviens également de l’anniversaire d’un autre ami. Après l’heure des gâteaux et du papotage, les choses sérieuses débutèrent avec un tournoi de Mario Kart. En se relayant autour des 4 manettes, nous ne vîmes pas le temps passé. Ce fut cette fois-ci la console qui nous ramena à la réalité à 6 heures du matin, lorsqu’elle bugga purement et simplement, affichant un écran noir, synonyme d’un sombre « rentrez chez vous, les garçons, il est l’heure ! ».
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