Tuesday, December 4, 2018

Coup de gueule contre la PlayStation Classic

DISCLAIMER : je n’ai pas acheté la bête (vous comprendrez pourquoi dans quelques minutes)
mais je ne l’ai pas non plus eue en mains pour le moment. J’essaie ici de prendre un peu de
recul et de raisonner à un niveau plus macroscopique.

Vers la mi-septembre 2018, Sony annonce la PlayStation Classic, version réduite et fermée de la PS1 des années 1990. Elle sort le 3 décembre 2018, pour fêter les 24 ans de la sortie japonaise de la PlayStation originelle pour 100€. La “hype” est d’autant plus conséquente que les 5 premiers jeux annoncés sur les 20 prévus sont alléchants :
  • Final FantasyVII
  • Wild Arms (mon petit chouchou)
  • Tekken 3
  • Ridge Racer Type4
  • Seul Jumping Flash fait un peu désordre mais rien d’inquiétant
Tout ce qui concerne l’aspect extérieur est apparemment sans défaut. Le look est identique, le design est respectueux et les impressions physiques sont de bonne qualité en ce qui concerne la console en elle-même et les manettes (qui sont des reproductions des manettes originelles, sans les sticks analogiques). Je veux bien croire tout ce que j’ai lu.

Non, les problèmes ont commencé fin octobre, au moment de l’annonce des 15 autres jeux. Contrairement à d’autres, je pense que c’est bien le coeur du problème. En tant que membre de MO5.COM, je voyais cette PlayStation Classic comme un étendard de la représentativité des bons jeux de la PS1, de permettre de véhiculer d’excellents souvenirs, d’initier éventuellement de nouveaux joueurs aux premiers jeux en 3D pour qu’ils voient d’où viennent leurs jeux favoris.

MAIS NON !
 
Certes, je n’espérais pas vraiment de voir un Chrono Cross qui n’est jamais sorti en Europe ou un Front Mission 3, excellent mais trop “jeu de niche”, mais attendez, il faut quand même réaliser qu’il n’y a pas de Castlevania Symphony of the Night, pas de Silent Hill, pas de Soulblade, ni même de Tomb Raider et surtout, pas de Gran Turismo ou de WipEout, des jeux développés et édités par Sony !

À la place, à quoi a-t-on droit ?
 
Tohshinden, le jeu le plus surfait du line-up de la console, Kurushi, Mr Driller et Super Puzzle Fighter 2 Turbo : 3, oui TROIS, jeux de puzzle, Syphon Filter ou encore Rainbow Six, un FPS tactique dont le portage sur PS1 est notoirement raté. Certes il y a aussi, en plus des 4 bons jeux dont je parlais en début d'article, Resident Evil, Rayman, L’Odyssée d’Abe et heureusement Metal Gear Solid. Mais c’est proprement scandaleux !
 
Selon moi, il n’y a que 25% de jeux dans cette console qui sont véritablement des indispensables alors que j’en connais déjà 15 qui sont unanimement reconnus comme tels qui existent et en élargissant un peu, on peut monter à 25 ou 30. Et là vous me dîtes : mon pauvre Seb, tu es bien naïf. C’est une histoire de droits. Mais au lieu de vous balayer cette argument d’un revers de main dédaigneux en brandissant ma position condescendante de wannabe Historien du JV, je vais essayer de revenir un peu dans la nuance.

Oui, vous avez raison, il est assez logique d’invoquer cet argument valable :
  • Pas de Gran Turismo à cause des marques de voitures
  • Pas de WipEout à cause des droits sur les musiques
  • Pas de Crash et Spyro car Activision les a sortis en remake cette année, ...

Cependant, beaucoup de ceux qui manquent sont disponibles sur le PSN ! J’ai du mal à croire que Sony ne pouvait pas négocier à Konami, Capcom ou Square Enix pour simplement étendre le périmètre de leur contrat !

Et ce n’est pas fini puisqu’il se trouve que la machine utilise un émulateur tiers (PCSX reARMed) - ce qui ne me pose pas de souci tant qu’ils respectent la licence utilisée - qui est mal
intégré à la machine. Le résultat est que la plupart des options ont été enlevées et le framerate
est loin d’être celui des mêmes jeux sur la PS1 d’époque, avec même un GTA qui tourne à 17
fps
, ce qui est peu. Et ce n'est pas l'accès possible aux paramètres de l'émulateur qui change la donne car je pense qu'une frange très réduite des possesseurs va vraiment s'en servir ou simplement en avoir entendu parler.

En plus de cela, 9 des 20 jeux sont des versions PAL qui tournent donc plus lentement. Les Américains vont avoir des surprises. Enfin, l’interface, même si elle rend hommage à celle des toutes premières PS1 est d’une tristesse à pleurer, avec 2 options qui se battent en duel et une gestion des sauvegardes instantanées (savestate) propice aux erreurs de manipulation.

Tout ceci ne me persuade que d’une chose : alors que ça fait 2 ans que la mode des consoles mini a véritablement explosé (depuis la NES mini fin 2016), Sony a fait tout ceci dans la précipitation. Et
c’est vraiment dommage car qu’est-ce que ça aurait changé d’attendre 1 an, avoir un anniversaire plus “marketable” (le 25e), plus de temps pour négocier le catalogue et améliorer l’intégration de l’émulateur ??

Le vrai problème que ça me pose, en fait, c’est que les défaut, s’ils ne sont pas rédhibitoires (à part le catalogue), sont assez nombreux. Et tous combinés, le risque de dégoûter des joueurs et de leur donner une mauvaise impression de cette époque qui a marqué toute une génération de joueurs n’est plus négligeable. Quant à celles et ceux qui ont connu cette époque, Sony écrabouille leurs souvenirs de manière bien méprisante.