Photo : Cyril75013
Donc, en tant qu’objet appartenant personnellement à moi-même que personne d’autre n’y touche sinon je mords, j'ai d'abord eu une NES avec laquelle j'ai joué à une ribambelle de jeux. J’avais choisi le pack complet avec Super Mario Bros., Duck Hunt, Gyromite, le pistolet optoélectronique et R.O.B. le robot, meilleur ami des enfants pour la modique somme de 1790frs (ou peut-être 2390 vu que Wikipédia indique un prix de 1490frs pour la console de base) en 1988. Ne me demandez pas comment j'ai fait mais je me souviens avoir eu 2 caissons de rangement de 40 jeux (chacun coûtant alors environ 350 à 450frs) dont le 1er était rempli et avec une petite dizaine de jeux dans le 2ème complété par le Zapper, le Power Glove (si si, 790frs fichus en l'air, pourtant mes potes m'avaient prévenu), le quadrupleur de manette, le joystick NES Advantage et un Nes Max. R.O.B. n'était évidemment pas loin. Les jeux avec lesquels j'ai le plus joué furent évidemment les titres Nintendo : tous les Mario (aussi connu sous les noms d’Ossan ou Jumpman ou Mr Video) ou les 2 Zelda. Avec mon père, nous jouions tous les deux à Zelda et partagions nos informations et notamment les cartes. Dans ce jeu, mais c’était souvent le cas en ces temps reculés, les cartes n’existaient pas ou étaient volontairement incomplètes. Par conséquent, nous tracions nous-mêmes les plans des donjons avec la position des ennemis, des passages secrets, des clés ou encore des fioles dans un cahier A4 petits carreaux (détail important) spécialement dédié à cet effet.
Je me souviens aussi encore de mes folles parties sur Nintendo World Cup, Rad Racer avec mon père, Tetris et Drx Mario avec ma mère, Batman et sa musique du 1er stage (Streets of Desolation), Ducktales et ce qui est peut-être ma musique préférée sur NES, celle du niveau Moon, Mega Man 2, Metal Gear, Punch Out, les Goonies II, RC Pro Am, Snake Rattle and Roll, Double Dragon, Shadowgate, Excitebike,… Que de souvenirs. C’était une période bénie où je connaissais le gérant du magasin de jouets à côté de chez moi et grâce à qui j’avais pu avoir Super Mario Bros. 3 presque 6 jours avant sa sortie nationale !
Mais au bout de quelques années, la console commença à donner des signes de faiblesse. Est-ce pour ça qu’elle devenait plus sensible aux poussières contenues dans les cartouches ? Je ne sais pas mais quoiqu’il en soit, il fallait tout de même les éliminer. C’est ainsi que chacun pouvait utiliser sa méthode pour le faire. Les plus méticuleux utilisaient un coton-tige imbibé de produit nettoyant non corrosif pour nettoyer les contacts électriques de leurs cartouches. Personnellement, je n’ai jamais eu la patience de faire ça et recourais à la méthode traditionnelle du « soufflage de cartouche » qui, à l’image des maîtres-verriers, utilisait les poumons du joueur pour rendre aux cartouches NES leur beauté intérieure originelle… agrémentée d’une touche salivaire inattendue mais inévitable. Mais l’autre problème technique du vieillissement de cette chère console était son système d’insertion des cartouches. Nintendo of America décida de changer complètement le design de la Famicom lors de l’importation de la console pour qu’elle ressemble moins à un jouet.
En effet, elle sortit aux États-Unis en 1985 et le crash du Jeu Vidéo de 1983-1984 est encore récent. L’un des moyens de reconquête du marché est donc d’essayer d’amenuiser le côté jouet pour enfants des consoles et d’en faire un système de divertissement de Nintendo (d’où l’acronyme N.E.S.). Selon moi, la présence de ce système d’insertion est due à la volonté de Nintendo de se rapprocher de la forme d’un magnétoscope et visiblement, je ne suis pas le seul à le penser, en fait ! L’idée n’est pas mauvaise en théorie mais en pratique, ce système n’était pas d’une qualité suffisante et finissait par se relâcher. Il faut savoir que, lorsqu’on enfonce la cartouche dans son slot, le principe se rapproche d’un système ZIF (Zero Insertion Force). Mais après quelques années d’utilisation, les pins du connecteur avaient tendance à plier. Le contact devenait donc de plus en plus difficile à se faire et des artefacts apparaissaient à l’écran ou le jeu refusait tout simplement de se lancer. Il est maintenant aisé de se procurer des connecteurs à 72 pins pour NES sur eBay actuellement et quelques coups de tournevis règlent l’affaire (même pas besoin d’avoir de connaissances en électronique) mais le seul moyen que mon esprit de jeune garçon avide de continuer à jouer trouva fut de placer un objet juste un peu plus épais que l’espace entre la cartouche et le haut du boitier pour forcer légèrement l’insertion, comme un tasseau de bois ou un bout de gomme.
J’avais acheté ma console au magasin de jouets situé juste à côté de chez moi. Avec quelques amis, c’était vraiment notre repaire. Nous y étions tous les jours après l’école, nous discutions et nous nous y retrouvions pour nous amuser. Pour les adultes, c’était le bar du quartier, pour nous, c’était le magasin de jouets : moins d’alcool et plus de jeux vidéo, le pied ! Forcément, au fil des années, nous avions sympathisé avec le gérant et l’aidions même à faire les paquets cadeaux et distribuer les catalogues. Par conséquent, nous étions en position privilégiée lorsqu’est apparue la borne de démonstration NES et ses 12 cartouches, la borne Nintendo M82 dont voici quelques images. Imaginez le bonheur pour des gamins comme nous : une NES, 12 jeux et du temps pour y jouer gratuitement. D’autant plus que, petit à petit, nous avions trouvé comment régler les switches à l’arrière de la machine pour augmenter le temps de jeu. Il fallait bien veiller à remettre le compte à rebours sur quelques minutes après, mais le gérant le tolérait.
Nous passions donc régulièrement nos fins d’après-midis sur les jeux les plus célèbres de la NES comme Super Mario Bros., Punch Out ou Kid Icarus, mais sur d’autres titres moins connu comme Double Dribble et son écran-titre avec une voix qui prononce un « Double Dribble » étouffé et parasité ou Track & Field 2 et son Taekwondo pas très maniable ou son épreuve de Canoë dans laquelle il était dur de passer les portes, surtout en arrière. Je me souviens aussi de petites blagues que l’on faisait. Je ne sais pas si c’est possible avec une console normale ou si c’était spécifique au M82, mais la 2ème manette contrôlait aussi les mouvements du personnage à l’écran dans certains jeux. On s’amusait donc à perturber les actions du premier joueur, qui se demandait ce qu’il se passait. Bizarrement, on trouvait ça très amusant, mais l’autre moins. Il nous arrivait aussi de jouer au plus malin. Si, en revenant de l’école, on trouvait quelqu’un d’autre en train de jouer, le but était de fondre sur la proie par derrière tout en évaluant son niveau de jeu et demander à jouer avec lui. Quand le jeu s’y prêtait (Double Dragon, par exemple), on faisait alors mine de ne rien connaître au jeu et d’être complètement nul. Petit à petit, on augmentait notre niveau de jeu pour finir par faire des combinaisons de jeu incroyables ou prendre des passages secrets qui laissait le premier enfant complètement pantois. La réflexion récurrente était alors : « Bah, je ne sais pas comment j’ai fait ça. J’ai pas fait exprès ! ».
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